Notre enthousiasme en arrivant au Népal n'était pas juste passager, et ici on ne s'ennuie pas un instant. Ce qui ne me laisse pas beaucoup de temps pour écrire. Je vais donc mettre à profit mes "vacances" de Noël pour rattraper le retard.


Si la terrible route en venant de la frontière nous à donné un avant goût du Népal sauvage, l'arrivée à Katmandou fût un retour brutal à la civilisation. Au bout d'une route sinueuse descendant vers la vallée, nous quittons la forêt pour déboucher sans transition dans la jungle urbaine. Les rues en terre battue sont encombrées de voitures, et les motos fusent de tous les côtés dans un nuage de poussière et de pollution. Ils nous faut user de nos aptitudes acquises en Iran : éviter les nids de poule, s'imposer en force aux intersections tout en évitant les motards ; un vrai gymkhana. Afin d'atténuer le chaos ambiant, le klaxon est prohibé depuis peu. Ça tombe bien, il est en panne sur nos deux camions.


Car les machines ont souffert. En plus du problème avec le FAP, et le klaxon, mon pare-brise s'est fendu en deux et ma direction s'est durcie. Un arrêt au garage s'impose. Nous nous rendons alors chez Irwin. Passionné par son métier, c'est un amateur de grosses cylindrées, mais aussi de voyages. Il accueille régulièrement des voyageurs qui comme nous parcourent le monde par les terres, et a lui-même pas mal vadrouillé en Asie du Sud au volant ou au guidon de toutes sortes d'engins. Il nous laisse gentiment dormir sur son terrain, et le soir, autour de quelques bières, il nous raconte ses voyages, nous parle de sa fille partie étudier en Allemagne, partage sa philosophie de vie et nous donne les contacts de quelques-uns de ses innombrables amis népalais ou voyageurs de tous les pays.


Notre nouveau pied à terre est idéalement situé à Patan, à quelques minutes de marche du Durbar. Ces grandes places ornées de temples et de palais se retrouvent dans les centres de ce qui constituaient jadis les trois cités royales de la vallée : Bhaktapur, Katmandou, et donc Patan. Ces deux dernières ayant fusionné suite à l'explosion démographique des dernières décennies. Les échafaudages qui recouvrent presque tous les temples rappellent la violence du séisme qui a frappé la région en 2015. Après cette visite culturelle nous passons dire bonjour à Sachin à son bureau.


Florent et lui ont fait connaissance sur la route venant de la frontière tibétaine, lors d'une de ces heures d'attente pendant lesquelles les bulldozers réparent la route pour permettre le passage des véhicules. Sachin dirige une entreprise de location de 4x4, mais aujourd'hui il termine le travail tôt car c'est Dashain, fête la plus importante du Népal et qui dure 15 jours. Le matin, il est allé acheter une chèvre afin de la sacrifier, conformément à la tradition. Il nous invite à venir la déguster chez lui avec sa famille. 


Avant de rejoindre la maison familiale, nous devons aller acheter des cerfs-volants, qui sont censés rappeler aux dieux que la mousson qui vient de prendre fin a apporté suffisamment de pluie. Mais c'est surtout l'occasion de s'engager dans des combats avec les voisins, le but étant de sectionner le fil de l'adversaire à l'aide du sien. Le magasin se situe dans l'artère commerçante de Patan, véritable fourmilière, et le plus pratique est d'y aller à moto. Sachin me laisse le guidon, je met un casque (c'est obligatoire), lui non (obligatoire aussi). Circuler en deux-roues dans Kathmandou est encore une autre expérience, et demande une concentration extrême. Ou alors il faut adopter la façon de faire locale : ne s'occuper que de soi en ayant confiance en la vigilance des automobilistes. 


Chez Sachin, nous serons reçus comme des rois. Pour déjeuner, du riz battu, des légumes (bien epicés !), et les tripes de la chèvre. Puis nous passons l'après-midi sur le toit à faire du cerf-volant. Pour le dîner, un délicieux dal bhat, plat national à base de riz et de soupe de lentilles, agrémentés d'un curry de légumes et de pickles. Enfin nous passerons la soirée à jouer au cartes avec tous les cousins. L'hospitalité légendaire des Népalais n'est pas usurpée.


A Kathmandou nous faisons également la connaissance de Tangi. Vététiste compétiteur, il est venu s'entraîner en altitude au Népal, et n'est finalement jamais reparti. Celà fait maintenant 16 ans ! Il organise aujourd'hui des séjour VTT dans les plus beaux spots du pays. Après l'avoir contacté sur internet, il nous a très amicalement proposé de le rejoindre à Phaplu où il a prévu de se rendre entre deux groupes de clients. C'est donc là bas que se déroulent nos prochaines aventures.


Valérien