Étape 1 : Sary-Tash (Kirghizstan) - Ulugqat (Chine) - 79km

Étape 2 : Ulugqat - Kashgar - 93km


Il n'y a pas que le Tour de France qui débute ce week-end, il y a aussi notre tour du Pamir. Lassés d'attendre un colis qui n'arrivera pas, nous quittons Osh et le régime pizza/bière et prenons un taxi, avec nos vélo, pour Sary-Tash aux portes du Pamir. Nous trouvons un hôtel basique (pas d'eau courante, pas de douches, toilettes au fond du jardin...), et après un dîner pas génial d'Oromo (sorte de raviolis de cheva), nous réglons nos réveils pour 5h.


Aux aurores, nous enfilons nos tenues de cyclistes, chargeons les bagages et enfourchons nos vélos. Il fait très froid, et l'obscurité laisse peu à peu place à de gros nuages noirs. C'est dans cette atmosphère inquiétante que nous longeons la chaîne du Pamir-Alay, enfilade de pics de plus de 6000m s'élevant brutalement de la vallée. Ça promet pour la suite.

Après quelques kilomètres de plat dans la vallée suivi de notre petit déjeuner, nous entamons la première côte, quelques kilomètres oscillant entre 5 et 8%. En haut, nous sortons peu à peu des nuages, ce qui nous permet d'apprécier des montagnes ocres dans lesquelles une petite rivière a creusé un canyon. Désolé, cette fois pas de photos. Le nez dans le guidon, je kiffe ces longs kilomètres de descente dans ces paysages de fou, à pédaler à plus de 50 km/h sur un billard. J'apprécie trop l'instant présent pour l'interrompre par des poses photos.


Après 5 heures de route nous arrivons au poste frontière. Nous quittons le Kirghizstan en un claquement de doigt, et enchaînons avec nos premiers tours de roue dans l'Empire du Milieu. Quatre kilomètres nous séparent du premier poste chinois, et j'aurais bien le temps de profiter de la longue ligne droite emmurée barbelés, ma roue arrière victime du crevaison et Florent ayant filé avec la pompe. 


Le poste frontière, bien que perdu au milieu des montagnes, est ultra moderne. Nous laissons nos empreintes digitales, nos bagages sont passées aux rayons X et passeports et téléphones confisqués. Ces derniers nous seront remis 15 minutes plus tard, après fouille et installation d'une application en Chinois, certainement un mouchard. En revanche nous ne récupérons pas nos passeports. Ils sont remis à un taxi qui va nous conduire au poste d'immigration principal, à 140km de là. Là-bas c'est encore plus grand, plus moderne, et désert. Tout est revérifié, et nous sommes lâchés à la bordure d'Ulumquat. D'immenses avenues, toujours aussi vides, nous mènent au centre-ville. Nous doublons quelques voitures de police roulant au pas, sirène hurlante, puis nous mettons à la recherche d'un hotel. Pas facile : pas d'Internet, tout est écrit en Chinois et les gens ne parlent pas un mot d'Anglais. Après plusieurs essais infructueux, nous trouvons finalement un hôtel acceptant d'accueillir des étrangers (ou plutôt autorisé). Avant d'aller dîner nous faisons un petit tour en ville, et c'est assez dérangeant. Plein de bâtiments barricadés, des policiers en tenue de combat tous les 20 mètres, et les commerçants contraints de porter des gilets pare-balles et de garder à portée de main une grande batte en bois. Nous nous couchons alors que la France mène 1-0 : il ne fait pas encore complètement nuit mais on est à l'heure de Pékin et c'est presque minuit.


Le lendemain nous partons quand le jour se lève, en faisant le plein d'énergie à coups de spécialités locales. Les premiers kilomètres sont grisants. Nous sommes dans un faux plat descendant, le revêtement est parfait, et l'inertie apportée par les 15kg de bagages nous permettent de croiser à plus de 40km/h. Mais le plaisir est de courte durée, et nous sommes coupés dans notre élan par un premier checkpoint. Les militaires contrôlent nos passeports, appellent des collègues, écrivent des choses sur des cahiers...pendant une bonne demi-heure. Une dizaine de bornes plus loin, rebelote. On enchaînera ainsi 5 ou 6 contrôle, faisant chuter drastiquement notre moyenne. Puis une voiture de police nous arrête. Nous nous retrouvons comme sur le Tour, avec une voiture balais. Ils se fatigueront de nous suivre au bout de 30 km.


Puis, du haut d'une colline, la ville de Kashgar se profile. Enfin on distingue plutôt les cheminées des usines et d'une centrale nucléaire. Cette ville oasis est un exemple du développement à la chinoise : petite ville il y a quelques années, elle dépasse maintenant le million d'habitants. Nous y entrons par la route express puis atteignons notre auberge par les ruelles de ce qu'il reste de la vieille ville oïgoure. Toujours autant de policiers, et on doit montrer patte blanche pour accéder à certaines rues.

Nous la quitterons demain, pour entamer les choses sérieuses !