Étape 6 : Murghab - Alichur - 105km

Étape 7 : Alichur - Jelandy - 91km

Étape 8 : Jelandy - Khorog - 130km


La journée de repos à Murghab nous fait du bien. Nous nous occupons des vélos puis glandons le reste de la journée, assis sur un banc avec bière et cacahuètes. Par contre la nuit suivante est moins reposante : afin de diffuser Angleterre - Croatie, les gérants de l'hôtel ont mis un groupe électrogène juste en dessous de notre fenêtre, qui tournera jusqu'à 3h du matin...


C'est donc pas très frais que nous entamons la prochaine grosse étape (nous avons prévu de rouler 140km). Cependant, les sensations sont bonnes, et c'est à un bon rythme que je franchi seul le premier col à plus de 4100m d'altitude. Ensuite tout se gâte. Une douleur au genou gauche, latente depuis le début de notre tour, se réveille. À droite, c'est le tendon d'Achille, inflammé après avoir poussé le vélo pendant 10 bornes avec les chaussures pour pédales automatiques. Et surtout, j'ai basculé dans une vallée renommée pour son vent : ici ça souffle fort, et en permanence vers l'ouest, donc face à nous. Je suis collé à la route, et bataille pour maintenir un petit 15km/h. Alors que mes douleurs s'aggravent et que je souffre le martyr, Florent me rejoint. Il a eu la bonne idée de prendre l'aspiration d'un camion. À l'abri de du vent, il a pu facilement doubler sa moyenne. Nous terminons la journée à Alichur, après 105km, lessivés par l'effort et exténués par le vent. Je ne peux même plus marcher, et me couche avec en prime une gêne à l'estomac. 


Au réveil, le mal de ventre s'est aggravé, j'ai de la fièvre, et plus aucune énergie. Une nouvelle journée de repos s'impose, où j'alternerai lecture et siestes. Il n'y a rien à faire dans ce trou, et les 600 pages de mon roman sont vite englouties. Le repos porte ses fruits, et nous pouvons entamer une autre grosse étape. 90km, avec un col à 4250m sur une route où le bitume laisse place à la caillasse et au sable. Pas totalement remis de ma fièvre, et les tendons encores endoloris, j'attaque l'ascension au courage. Étonnamment, je me sens de mieux en mieux, et c'est en bonne forme que j'atteint le sommet. J'y attend Florent pour le déjeuner, car il a encore crevé deux fois. La descente sera une formalité, nous retrouvons le bitume et rejoignons rapidement Jelandy sans encombres (exceptée ma roue libre qui se grippe, m'obligeant à pédaler en permanence). La-bas, nous trouvons un hôtel routier adossé à des sources chaudes, et pouvons nous détendre dans le bain en compagnie des camionneurs (ambiance virile).


120km nous séparent de Khorog, notre prochaine destination. Nous avons remarqué que le vent se levait vers 8h du matin, alors, afin de profiter du long faux plat descendant, nous nous levons à 4h30. Le plan fonctionne, et la première heure nous tenons une moyenne de 35km/h. Nous devrions arriver vers 9h. Mais c'est sans compter sur ces satanées crevaisons (les réparations des chambres pincées ne sont pas fiables...). Florent crève deux fois, et nous arrivons à bout de notre stock de rustines. Notre plan d'action : je continue seul jusqu'à Khorog, à 60km de là, et trouve un taxi pour venir le récupérer s'il n'a pas trouvé d'autostop d'ici là. Arrivé à bon port, je l'appelle. D'après lui, il a trouvé une solution pour rouler. Deux heures plus tard, je le vois arriver avec son pneu avant gavé de toutes les chambres à air foutues. 

La réparation de fortune à fait le job ! 


Nous avons bien mérité notre repos. Après un concert dans un parc, nous allons au KFC (Khorog Fried Chicken), à côté du McDoland's, et dégustons nuggets et pizzas devant la finale. Nous nous autorisons une journée supplémentaire de glandouille pour bien réparer les vélos (et ma sacoche qui a lâché...), et attaquer en forme la prochaine partie du tour, la plus difficile. Mais de nouveau, le réveil est difficile. J'ai un mal de bide comme je n'en ai jamais eu, et je suis incapable de faire le moindre mouvement. Deux jours de plus cloué au lit. Heureusement qu'il y a le Tour de France ! 


Aujourd'hui je me sens mieux, je vais donc reprendre des forces, pour repartir demain. En espérant en avoir fini avec les galères physiques et mécaniques !


Valérien