Après un dernier plein de gasoil à 4€ (le même coûtant 130€ en France), nous nous engageons dans le poste frontière. Même cirque qu'à l'entrée, en pire : des guichets disséminés autour d'une menuiserie (??) constituent la zone franche. Plusieurs officiels nous délestent de nos dernier rials, sans que nous sachions pourquoi : il ne comprennent pas l'anglais, et les seuls mots qu'ils sont capables de nous sortir sont "Macron", "PSG" et "Zaz". Comme quoi, la France a d'autres fiertés que le prix du carburant. Un monsieur muscle se ramène, et de nouveau s'occupera des papiers à la place des douaniers trop occupés à jouer sur le PC, tout ça pour la modique somme de 20 dollars. L'entrée en Azerbaïdjan sera plus compliquée, et on en aura pour 2 bonnes heures. Les agents ont de bonnes têtes, mais ils sont sacrement lents. Vient l'inspection du camion. Ils s'y mettent à une dizaine, apparement ils sont en formation. Le chien ne renifle rien de spécial, le grand chef tique sur une bouteille de vinaigre. Puis ils veulent savoir ce qui se cache sous le plaquage bois de mon petit intérieur. Ils commencent à retirer les vis, j'essaie de leur faire comprendre que tout est collé mais ils semblent bien décidés à tout arracher en force. Je prends les devants, sors la perceuse et leur fait un trou. Après un coup de lampe torche, ils ont l'air content. 


L'arrivée au pays sera beaucoup plus fluide qu'en Iran : on retire des manats au distributeur, on achète une SIM locale, on demande à des locaux si ça craint pas de dormir dans les camions, ils nous répondent "no problem". On demande où on peut manger, on nous envoit au restau "Relax". Arrivé là bas, il n'y a rien sauf un vieu. Il nous emmènera vers la seule table, à 5m de la mer, et nous préparera un bon repas de spécialités locales. On dormira tranquillement au bord de la mer.



Le lendemain, après un peu de off-road pour aller voir les volcans de boue du Gobustan, nous filons à Bakou et prenons nos aises dans une superbe auberge grand luxe à 5€ la nuit. La ville nous offre un sacré contraste avec ce qu'on connait depuis 1 mois : les rues sont hyper propres, les gens conduisent bien et c'est tout vide. Ça ressemble un peu à Monaco (j'y suis jamais allé) : de gros buildings côtoient les immeubles aux façades faussement haussmanniennes, et un circuit de F1 longe les boutiques de luxe. Beaucoup de kékés en Range Rover tunés avec des putes de luxe sur le siège passager. Cette ville regorge de nouveaux riches Azéris ou d'expats faisant leur fric dans le pétrole et ne sachant pas quoi en faire. Ça semble très superficiel. Par contre, la vieille ville encerclée de remparts à beaucoup de charme et reste épargnée par les hordes de touristes.


Nous resterons 3 jours : nous avons quelques paperasses à régler et nous devons acheter des billets de bateau. Le plan initial était de traverser le Turkménistan pour transiter de l'Iran vers l'Ouzbékistan, mais malgré de lourdes démarches administratives pour obtenir le visa, nous avons eu droit à un refus sans justification. Un Parisien rencontré à l'auberge me dira qu'a sa troisième tentative on lui avait répondu explicitement qu'on ne voulait pas de noirs au Turkménistan. Bon... Peut-être nous ont-ils pris pour des gays.... Le plan B est donc de rejoindre le Kazakhstan par voie maritime afin de reprendre notre route vers l'Est.


L'achat d'un billet n'est pas aisé. Personne au guichet, un garde nous donne un numéro. On appelle, on nous redonne un numéro. Une personne pas très locasse nous explique la marche à suivre : quand vous voulez partir, appelez pour savoir quand arrive le prochain bateau, puis rendez vous au port pour embarquer dans un gros ferry de l'ère soviétique.


En attendant, nous montons dans le nord afin de se refaire une santé dans les montagnes du Caucase. Ma pubalgie tenace m'ayant réduit à l'état de loque, une petite préparation physique est nécessaire avant d'affronter les cols à plus de 4000m du Pamir. Après une première sortie vélo pimentée par un orage à la descente (90km/h sous la pluie battante ça piquotte la face), nous souhaitons monter à Xinaliq, petit village niché à 2200m qui vit comme il y a 100 ans. L'ascension se révélera être les 50 km les plus durs de ma vie. Un peu optimistes, nous pensions grimper les 1500m de denivelé positif en 3h, mais c'était sans compter sur une succession de rampes à 20% et de descentes sur chemin dignes d'une session de DH. Les restes de mes soucis gastriques, des crampes et mon sac à dos plein à craquer (et mes 10kg en trop) ne me faciliteront pas la tâche. Cependant, les paysages splendides, les animaux de partout et les villageois nous offrant le thé sur la route feront passer la pillule. Après plus de 5h dans le dur, un habitant nous attendra à l'entrée du village pour nous proposer le gîte et le couvert. Après une revigorante soupe au mouton (le sien), Raouf, notre hôte, nous servira un tord-boyaux dépassant allégrement les 50° qui nous enverra tout droit à la sieste. 



À partir de la semaine prochaine, plus de nouvelles pour quelques jours. La traversée de la mer Caspienne (plus grand lac du monde) prendra au moins 2 jours, et s'en suit 2000km de désert. Rendez-vous dans les villes mythiques de la Route de la Soie. À plus !


Valerien