Nous sommes maintenant début Aout. Partis précipitamment de la ferme, nous n’avons pas vraiment envisager la suite. Nous avons rendez-vous avec nos parents début novembre à Melbourne. Nous avons donc le temps de descendre tranquillement vers le sud. Mais avant, nous décidons de faire un crochet par Mount-Isa, toujours dans l’Outback, quelques centaines de kilomètres au nord. Deux raisons à cela : Premièrement, la semaine suivante s’y déroule un rodéo professionnel, soi-disant le plus important de l’hémisphère sud. Deuxièmement, nous avons cru savoir qu’il y avait une mine, et nous souhaitons y tenter notre chance.


Nous avalons les 700km de piste et de goudron en deux jours. D’immenses plaines, de la caillasse, quelques vaches et seulement deux villages ; nous ne sommes pas dépaysés. Puis nous retrouvons la « ville » pour la première fois depuis presque 3 mois. Mount Isa prétend être la plus grande municipalité du monde, mais il s’agit en fait d’une bourgade d’environ 20 000 habitants. Rien d’original, si ce n’est sa mine. Car la ville, constituée principalement de quartiers résidentiels, s’est construite autour de sa mine, l’une des plus ancienne d’Australie. Les immenses cheminées dominant ses installations industrielles sont là pour nous rappeler à chaque coin de rue que nous sommes ici dans une ville minière.


Nous nous rendons dans une auberge. A peine installés, le patron vient nous voir et nous demande si nous cherchons un boulot. Le rodéo débute dans 3 jours, et beaucoup de foodtrucks parcourant le pays au gré des festivals recherchent du renfort pour cet évènement. Nous avons plusieurs propositions, et décidons de travailler pour Leeane et Marso qui nous ont l’air sympathiques. Le lendemain, nous entamons notre recherche de job a la mine. CV en main, nous écumons les boites d’intérim en affichant notre plus grande détermination. Chaque fois, même discours : il y a du boulot mais il faut un certain nombre de certifications. A la dernière agence, ils semblent plus intéressés. Ils ont un client, sous-traitant en maintenance, qui recherche régulièrement de nouveaux employés, et ils vont leur soumettre nos profils. Nous décidons de prendre les devants, et nous inscrivons pour les formations et les examens médicaux indispensables pour quiconque souhaitant travailler à la mine. Cela représente plus de 3000 dollars à sortir d’emblée, mais nous prenons le pari du retour sur investissement. Satisfaits de nos avancées du jours, nous allons manger un Pad Thai. La patronne, souriante comme au pays, nous demande si nous cherchons un job. Décidément, c’est vraiment simple de travailler ici.


Le rodéo commence, nous prenons place dans la caravane-restaurant. Il n’y a pas vraiment d’organisation, nous exécutons les taches comme elle viennent. Nous prenons les commandes des clients, préparons les snacks (des burgers, des frites, des hot-dogs…), encaissons. Rien de bien compliqué. Mais ce qui nous déroute, c’est la bienveillance de nos patrons ; ils nous demandent sans cesse si nous allons bien, si nous avons besoin de quelque chose, si nous voulons prendre une pause. C’est un choc après la ferme. Malgré quelques petits coups de feu, l’emplacement est mauvais et les vente pas au niveau escompté. Cela nous laisse du temps pour assister à plusieurs épreuves du rodéo. Les cavaliers qui attrapent des veaux au lasso, la monte de chevaux sauvages, puis l’épreuve reine, le bull riding, avec des taureaux de plus en plus gros au fur et a mesure que l’on monte en catégorie. La monte ne dure que quelques secondes, mais les top riders, des professionnels pour la plupart américains, peuvent gagner plusieurs millions par an. Pour ma part je ne trouve pas cela très excitant, mais pour les milliers de country boys et country girls, venus des quatre coins du Queensland, c’est l’évènement de l’année. Et ils ont sorti leur plus belle tenue de cowboy pour l’occasion. Pendant ce temps-là, l’agence d’intérim nous informe de notre embauche.


Nous attaquons nos formations : travail en hauteur, en espaces confinés, premiers secours… Des cours soporifiques de 2 heures suivis d’un questionnaire dont les réponses sont données par le moniteur. En fait, il faut juste payer. Une belle arnaque. Les examens médicaux ne sont guère plus approfondis. Au moins j’apprendrais que j’ai des poumons de nageurs.


Nous sommes maintenant fin aout, et disposons d’un trou d’une semaine avant d’entamer les dernières formations à la mine. En un coup de fil, nous décrochons un nouveau job. Nous retournons à la campagne, a Camooweal, minuscule village a 150km de Mount Isa (en fait le plus proche). Nous travaillerons pour un gars qui installe des clôtures sur des cattle stations. Retour auprès des vaches. Ce boulot de quelques jours ne sera pas trop fatiguant. Nous installons des clôtures temporaires, des genres de barrières de chantier, autour de réservoirs d’eau. Des heures à se déplacer en camion dans l’immense exploitation, pour quelques minutes de travail effectif. Cela nous permettra tout de même d’empocher 1500 dollars en une semaine, et puis de découvrir une ferme différente de celle où nous avons vécu. Ici, avec beaucoup plus d’employés, les méthodes doivent être bien différentes. Mais la différence qui nous saute aux yeux vient des vaches, qui paraissent beaucoup moins craintives. Ils utilisent probablement des méthodes de manipulation du bétail a faible stress, comme c’est maintenant souvent le cas.


Après une semaine nous démissionnons, prêts à entamer notre nouvelle vie de mineurs.