Pour nos derniers jours au Népal, nous souhaitions quitter les montagnes et découvrir une autre facette de ce merveilleux pays. Nous avons choisi de nous rendre dans le Teraï, la région des plaines à la frontière avec l'Inde, avec comme objectif un safari dans un parc national. Nous optons pour Bardia, moins connu et plus reculé que le célèbre parc de Chitwan. Mais l’accès n'est pas aisé, et une nouvelle journée en bus, ou en camion ne nous réjouit guère. Nous optons plutôt pour le moyen de transport préféré des locaux : la moto. Nous nous mettons à la recherche de deux Royal Enfield Himalayan. Ce tout nouveau trail nous semble plus adapté que le modèle mythique de la marque, la Bullet. Nous trouvons deux bécanes de location récentes. Cependant elles ont déjà bien reçu et avant de partir, nous faisons un tour a la concession Royal Enfield pour racheter un nouveau guidon...


Fidèles à nous-mêmes, nous ne prenons pas la route classique qui tire direct vers le Teraï, mais partons a l'aventure à travers les Middle Hills, zone intermédiaire entre la plaine indo-gangétique et les Montagnes himalayennes, mais qui malgré leur nom sont bien plus que de simple collines. Assez rapidement, nous quittons la route qui part vers le Mustang pour emprunter des chemins très rugueux. Nous sentons que les villages que nous traversons ne voient pas souvent de touristes. Le soir, nous ne trouvons qu'un restaurant de bord de route ou nous négocieront deux chambres sommaires au grenier. L'ambiance est paisible, toute la famille s’attelle aux taches du restaurant et les poules picorent avec vue sur les somment enneigés.


Le lendemain nous roulons toute la journée. Les chemins sont toujours aussi difficiles et mettent à l’épreuve nos aptitudes en tout terrain. Après plus de 8h de pilotage, la fatigue pointe son nez et une perte de concentration me fait glisser sur une modeste flaque de boue. Je perds le contrôle de la machine, qui se dirige inévitablement vers le bas-côté ou une cassure donne sur un pré quelque mètres en contrebas. Dans un réflexe désespéré acquis en VTT, je me projette par-dessus le guidon afin de laisser la moto aller la où bon lui semble. Je finirai en boule dans un buisson sans une égratignure. La moto de même, mais plus d'un mètre sous la chaussée, retenue dans la chute par la végétation. Plus de peur que de mal, mais même a deux, impossible de hisser la bête de 200kg. Nous devrons attendre le passage d'un local qui, constatant notre situation inconfortable, nous proposera tout naturellement son aide. Pour lui, le problème est simple : à trois ce n'est pas possible de remonter la charge qui est trop lourde, il faut donc être plus. Il prend donc son téléphone, et quelques minutes plus tard nous sommes plus d'une dizaine. L'un d'eux va chercher quelques bouts de corde (ou plutôt de ficelle !), et en moins de 10 secondes et un gros effort de chacun, la moto est de retour sur le chemin. Nous aurons le temps de rejoindre la prochaine ville avant la nuit.


Le jour suivant, l’état des chemins de s'améliore pas. Après deux heures, nous nous retrouvons face à face avec un amas de sable et de roche. Un glissement de terrain à complètement obstrué la route et le passage est impossible. Nous passerons plusieurs heures à explorer des chemins, étudier les cartes et photos satellite et interroger les locaux. Nous trouverons finalement une diversion et rouleront jusqu’au au tomber du jour. Nous n'avons toujours pas rejoint le Teraï, mais ces journées et soirées dans ce Népal authentique sont des plus agréables. C’est finalement le lendemain matin que nous rejoignons la plaine. Le décor change complètement. Le brouillard et la fumée des feux allumés devant leur maisons par les villageois pour se réchauffer de la fraicheur matinale donnent au paysage champêtre une allure mystique. Les gens s'habillent autrement, de manière très colorée, et ont des visages différents. Ils utilisent des vélos pour se déplacer, ou encore des charrues a buffles.


Nous rejoignons rapidement Bardia pour nous installer au Mango Tree Lodge. Situé au cœur d'un village traditionnel en lisière du parc, c'est un havre de paix. Sous le patio au centre d'un splendide jardin, autour d'un feu de bois, nous nous adonnons a notre activité favorite de fin de journée : siroter une bière en mangeant des cacahuètes. Puis nous dégustons un délicieux repas concocté par la femme du patron. Nous partons au petit matin pour un safari à pied dans la jungle. L'ambiance est très calme. Nous sortons de la forêt et nous retrouvons dans la savane, puis allons nous poster au bord d'une rivière en espérant qu'un animal vienne s'abreuver. Après une heure, chou blanc. Nous reprenons la marche et surprenons une famille de loutres qui se jette aussitôt a l'eau. Nous nous engageons dans le lit asséché d'une rivière, et tombons sur des empreintes de tigre. D'après nos guide, elles sont très fraîches et le félin est proche. Nous nous lançons dans une partie de cache-cache, sans succès. Nous trouvons un nouveau poste d'observation, on nous avons la chance de voir un rhinocéros indien, reconnaissable à sa corne unique. Sur le chemin du retour, les langurs s'en donne a cœur joie dans les arbre. Le spectacle de ses singes effectuant de grands sauts acrobatiques entre les arbres est hilarant.


Pour notre deuxième jour, nous remontons en jeep la rivière que nous redescendrons en rafting. Nous voyons beaucoup de daims, des macaques, de nouveau des loutres et un énorme python indien. Le serpent est léthargique, il semble digérer un gros mammifère, et nous pouvons l'approcher au plus près. Sur le chemin du retour, en 4x4, nous apercevons une forme au loin sur la piste. A peine le temps de prendre les jumelles que le léopard fuit dans les bois. La soirée au lodge est toujours aussi agréable.


Troisième jour, nous retentons notre chance à pied dans l'espoir d'observer un tigre. Nous apercevons un crocodile, des oiseaux de toutes les tailles et de toutes les couleurs, un rhinocéros, mais toujours pas de tigre. Cela devient une obsession. Puis soudain la jungle s'agite. Les langurs émettent des hurlements caractéristiques, signal que le prédateur approche. Une course poursuite s'engage, et nous perdons encore. Tant pis, nous resterons un jour de plus. Il faut dire que nous nous sentons vraiment bien ici, que ce soit dans la jungle ou au lodge.


Quatrième jour, changement de stratégie. Nous nous posterons dans un arbre, et attendrons toute la journée. Et cela s’avérera payant, car au bout de quelques heure, enfin, un beau spécimen de tigre du Bengale traversera la rivière a une cinquantaine de mètres de nous. Nous quittons la jungle satisfait et reprenons la route à moto. Cette fois ci nous restons sur le bitume et retournons vers l'Est en restant dans le Teraï. Puis une route sinueuse nous ramènera a Pokhara.