KiAu matin de notre dernière journée au Kazakhstan, nous nous réveillons tout sales. Le vent à soufflé toute la nuit, et le sable, qui est aussi fin que de la poussière, c'est infiltré à travers les aérations des camions jusqu'à nous salir sous notre couette. Ole, le motard allemand, prends le chemin de Baïkonour afin d'assister au lancement de fusée ayant lieu deux jours plus tard. C'est donc entre Français que nous reprenons notre route vers l'Est. Si l'on peut appeler ça une route. En effet, c'est un interminable enchainement de gigantesques nids de poules entrecoupés de bancs de sables. Difficile d'aller à plus de 40km/h, et l'on arrivera à la frontière secoués comme des bouteilles d'Orangina et de nouveau recouverts de sable.


Pour changer, le passage vers le pays voisin est très fluide. Les factionnaires nous dirigent vers les bons guichets, ou nous ne faisons pas la queue et ne dépensons pas un centime. Les jeunes militaires ouzbeks parlent bien anglais, sont très sympas, et connaissent les joueurs de l'OL sur le bout des doigts. Après un interrogatoire sur mes médicaments, et quelques questions du genre "No guns ? No drugs ?", nous voilà en Ouzbékistan en moins de 2h. Nous changeons nos quelques soms kazakhs restants pour une grosse liasse de soms ouzbeks, et allons nous restaurer. Le repas sera très bon, mais l'addition salée ! Sur sa machine à carte, la gérante tape le montant en som (124 800 soit 14€), mais selectionne la mauvaise devise (USD). Je vois de suite 1000€ disparaître de mon compte. Une heure à essayer de lui expliquer son erreur (bien aidé par Google Translate) et je récupère finalement mon argent.


Nous repartons sur une route toujours aussi chaotique, et Aldo ne tardera pas à en faire les frais. Son tambour de frein prend feu, et sa roue arrière se bloque. Au démontage, on trouve un roulement de roue complètement désintégré : en panne en pleine cambrousse. Par miracle, un local surgissant de nulle part lui propose de l'accompagner à un village à 2-3km. Là-bas, un vieux lui trouve la bonne référence de roulement dans son bric-à-brac et le lui lâche pour moins d'un euro. Nous pouvons continuer un peu jusqu'à un hôtel perdu en pleine cambrousse, ou nous constatons les dégâts sur nos roues qui ne sont plus très rondes mais tiennent le coup.


Le lendemain, encore beaucoup de route. Tandis que Florent va a Moynak observer le désastre écologique et humain causé par l'assèchement de la mer d'Aral, je me dirige vers Khiva avec Charles. Il s'agit d'une ville médiévale encerclée de remparts extrêmement bien conservée. L'arrivée est magique : le soleil couchant arrose d'une lumière orange les constructions en terre, et les Chinois et Allemands venus par bus entiers ont laissé place aux chats et gamins qui jouent.


Le voyage vers Boukhara est éprouvant. C'est tout droit, pas une voiture, du sable à perte de vue des deux côtés et une température dépassant les 40°C. Dur de ne pas piquer du nez. En ville, il fait tout aussi chaud. Les meilleurs moments pour la découvrir sont tôt le matin et tard le soir. À la fraiche, on se retrouve tout seul au milieu des nombreux et majestueux monuments musulmans datant du moyen âge. Dans les quartiers de vie du centre-ville, on se croirait dans un immense village ancien, et on peut observer la vie qui démarre dans les rues de terre, les vieux qui vont au marché, les jeunes qui vont à l'école... La nuit, se promener dans le labyrinthe de la vieille ville est une véritable expérience. Les ruelles sont si étroites que l'on peut toucher les murs de terre ou de briques en écartant les bras, et la seule lumière provient des intérieurs richement décorés des maisons dont les habitants laissent les portes ouvertes.

J'ai également été enchanté par les gens. Ils paraissent assez réservés et n'ont pas l'habitude d'opportuner les voyageurs, mais à chaque contact ils sont toujours adorables. Pour l'anecdote, un pompiste nous a rattrapé 50km après nous avoir fait le plein (il a du bombarder), afin de nous rembourser ce qu'il nous avait par erreur surfacturé. Ah et aussi, les filles d'ici sont vraiment très jolies, et toujours superbement habillées.


J'aurais aimé rester un peu plus dans ce pays, mais dans un voyage il faut faire des choix. Maintenant à nous les montagnes.


Valérien